Attentif aux expériences vécues, à la question de la mémoire et de la fiction, Omer Fast reconstruit ses histoires autour de supports existants – le film, la télévision – dont il analyse et donne à voir les structures complexes ou les codes utilisés. À Fri-Art, il présente CNN concatenated (2002), un montage-démontage de 10’000 mots, dénonçant l’aspect unipolaire de l’endoctrinement télévisuel. Puis, interviewant les figurants de “La liste de Schindler” à Cracovie, Spielberg’s List (2003), l’artiste éconduit le spectateur dans les méandres d’un art mêlant le vécu et l’imaginaire de ses interlocuteurs. Quant à l’installation intitulée, A Tank Translated (2003), elle conte les histoires de quatre soldats israéliens, confinés dans un blindé. Entre image et son, un lien invisible se trame pour faire apparaître une manipulation allant jusqu’à l’absurde. Par ce truchement, toute l’œuvre d’Omer Fast tend non seulement à restituer la complexité et les paradoxes de l’individu dans son quotidien, mais encore à souligner sa condition humaine.
L’artiste camerounais Goddy Leye présente pour Fri-Art UCA, United Chiefferies of Africa (2003) qui est un ensemble de projets explorant la question de l’identité et de la mémoire dans une post-colonie. Les diverses facettes de ce projet vont de la création d’un drapeau, à la procession publique, en passant par une élection et un bureau de vote. En effet, il s’agit de créer un nouvel Etat, où les dirigeants – d’horizons confondus – seraient aussi bien des personnalités de l’art contemporain, que de la politique et autres, alors que les visiteurs de l’exposition deviendraient les électeurs.
L’éducation transcontinentale de Senam Okudzeto l’a rendue à la fois spectatrice et participante d’une variété d’expériences multiculturelles. La cartographie devient pour elle une sorte de métaphore de toute une recherche. Dans l’espace urbain à Fribourg et dans la cage d’escalier de Fri-Art, elle présente des oeuvres inédites, pour lesquelles la cartographie locale et la topographie du lieu servent de tremplin à un discours polysémique et métaphorique sur la relation de l’individu à son corps social. A l’aide de collages et d’écrits, elle fait apparaître un monde aux multiples facettes et à la topographie fragmentée et accidentée.
